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un tas de sable
de sable de sable

les morts sont des rêves
on ne peut plus leur sourire
ils nous rendent visite
ressuscitent
et au réveil
on ne peut plus leur sourire
on ne peut que murmurer au vide

je me réveille tu meurs
réconcilions nous

je pensais nous réconcilier plus tard
te tenir mes comptes
j’ai attendu que tu sois prête
maintenant je dis
comme elle a pu
comment t’en vouloir encore ?
puisque nous ne nous réconcilierons pas

emprunter des livres sur le deuil
ne pas les lire

la mort sans s’annoncer
j’ai dormi là où elle a dormi
je me suis réveillée toujours sans comprendre

un tas de sable

2024
livre objet
boite en chêne massif, papier, cartes postales, laine feutrée
35x26x11cm

Photo 1-6
DNSEP Ihsane Guyot
Vues d’exposition © Nadezhda Ermakova (@ermakovakova).

sur le portail de bois et de ferraille, à la peinture blanche quelqu’un a écrit “attention chien méchant”
notre chien à nous est très sympathique
en passant le portail on est à l’ombre
au-dessus de nous, la grange et à côté une ancienne soue à cochons où papa range la scie circulaire, la tondeuse, les outils encombrants
au fond la ruine
je sors de la voiture, la portière claque
[...]

[...]
le meilleur moment de la journée, c’est sous la douche
sous l’eau brûlante
là je ne pense plus
je masse mes muscles qui me font souffrir, je lave mes plaies
je regarde la poussière, le plâtre et la terre qui me quittent
il n’y a que l’eau brûlante qui me soigne, et le sucre, et le sommeil
j’ai les poignets fragiles, j’arrive à peine à soulever la casserole de thé
les outils vibrent dans mes mains
le marteau piqueur, la visseuse, la meuleuse
traînées de plâtre, de poussière de bois, d’étincelles
tu me dis “on ne se rend pas compte du poids d’une maison”
je n’arrive pas à porter la poubelle pleine des morceaux d'enduit que j’arrache au mur de l’annexe
et derrière le papier peint, la colle et le plâtre, entre les poutres verticales, il y a de la terre et de la paille
sur le torchis, quelqu’un s’est amusé à dessiner des lignes et des courbes
ce ne sont que des petits trous, comme des piqûres d’insectes
dans nos murs il y a plus de deux siècles de vie
quand je fais tomber la cloison, la terre se dépose sur mes paupières, mes cils, les ailes de mon nez, le creux de mes cernes
j’y ai trouvé un nid de souris pleins de petits bouts de magazines
et tout autour des dormants des fenêtres, dans le plâtre, il y a des épis de maïs secs
le mur, maintenant ajouré en partie
à ses pieds, sont déposées ses entrailles, amoncelées
à la fenêtre le soleil me brûle le visage mais je peux y respirer au moins quelques instants une pause
sur le flanc de la montagne il y a une forêt et le vert des arbres s’enveloppe de nuages blancs presque bleus
un château d’eau
même au milieu de ce bruit la vue est silencieuse, figée
la vapeur de la détapisseuse se condense et l’eau chaude coule le long des murs
et sous le papier peint parfois il y a encore du papier peint
des siècles de vie
nous allons brûler le papier peint
et la terre se mélangera à la terre
[...]

une fenêtre donne sur une autre qui donne sur l’extérieur
je peux voir à travers le bâtiment
un lampadaire, un balcon
juste au dessus la coursive embarrassée
des jardinières des pots de fleurs
un tapis sur la rambarde de métal
rouge orange et blanc
un mobile pend juste en dessous, sorte de talisman de bois et de déchets
des cartons des meubles des sacs
un étendoir, du linge qui sèche
la soirée est lourde, des hirondelles passent par dessus les toits
dans le ciel qui se délave avant de s’assombrir
de temps en temps la lumière s’allume
orange aurore
et dans l’angle quelqu’un peut être monte les escaliers
la cage n’est pas visible
son éclairage uniquement
a travers le grillage quadrillé de béton albâtre
des rires s’élèvent
des femmes déjeunent parfois là devant l’une des quatres portes d’appartement
j’aurais parié qu’il y avait des hortensias sur la terrasse de sylvie
c’est l’impression de fromont qui a créé la confusion
les plantes semblent pousser de leurs propres volontés
sur toutes les surfaces
il y a bien des rosiers
mais pas d’hortensias
la nuit, je ne me lasse pas des stries de lumières qui se glissent entre les lattes du store puis d’un bout à l’autre de la chambre
la ventilation s’arrête et le bruit de la nuit se fait plus net
la vaisselle tinte et les voix
les touches du claviers d’ordinateur et puis la lampe qui se déclenche la haut dans la coursive
des scooters derrière plus loin dans la rue
un chat marche sur les tôles ondulées des voisins
et le vent bleu barbeau

le vent bleu barbeau

2023-24
livre objet
pochette tricotée en coton, papier
17x24 cm

Photo 2-3
DNSEP Ihsane Guyot
Vues d’exposition © Nadezhda Ermakova (@ermakovakova).

[...]
mon cœur battait aussi fort quand tu as lu pour moi que quand j’ai lu pour toi
mais à ce moment je n’ai pas su te regarder et je le regrette un peu
dans cette cathédrale de mosaïques bleues et de verre le son monte haut
il est beau ce moment
je l’aime ce moment
pendant que quelqu’un empile des chaises dans un amas à l’équilibre surprenant
un autre joue du piano
et les autres déambulent
et je peux être entièrement silencieuse
et pour une fois j’ai aimé être ici
parfois j’ai l’impression de m’échapper à moi-même et dans ces moment je me dit que je vais disparaître
alors je me pince ou je fais passer mes ongles contre mes mains
pour être sure que je suis toujours là
j’ai peur d’en venir à détester l’art
je me dit que si je reste là à me dire que je préférerai mourir je finirai par détester l’art
je me suis arrêtée quelques secondes pour regarder le ciel gris lilas un peu glacé
alors ça ira
[...]

[...]
aujourd’hui marque une fin
aujourd’hui je témoigne aussi de tendresse
et de désirs inassouvis
le printemps m’a filé entre les doigts
je n’ai pas fait attention et il m’a filé entre les doigts
j’aurai du le prendre dans mes bras avant de partir
ou prendre sa main dans la mienne
[...]

[...]
de temps en temps ma mère me manque
elle me manque comme une mère manquerai
j’aimerai me coucher sur ses genoux et baigner dans son indifférence
j’aimerai qu’elle me réconforte sans le savoir
parfois elle regarde comme à travers moi
dans ces moments je me dit qu’elle me connait
[...]

[...]
je ne veux pas profiter des moments qu’il me reste
[...]

l'aire de rouge perdu

2021-22
série de livre
14,8x21 cm

Photos © Halima Guyot

rue marchand

2024
laine feutrée
200x200 cm

DNSEP Ihsane Guyot
Vues d’exposition © Nadezhda Ermakova (@ermakovakova).

deuxième colo

2025
photo argentique

nu rose

2020
dessin
feutre sur papier
29,7x42 cm

chez christine

2019
dessin
feutre sur papier
14,8x21 cm

montreal 1

2020
dessin
feutre sur papier
14,8x21 cm

montreal 2

2020
dessin
feutre sur papier
14,8x21 cm

anges

2024-...
série de dessins
crayon de couleur, feutre sur papier
14,8x21 cm

les mains de mon amoureux sont chaudes
elles son grandes et rondes
elles enveloppent mon crâne ma tête mon visage
elles contiennent mon corps tout entier

mon amoureux

2024
photo argentique

fin de vernissage 1

2024
photo argentique

fin de vernissage 2

2024
photo argentique

ngaparou

2024
photo argentique

mage

2024
photo argentique

bride detail 1

2024
photo argentique

bride detail 2

2025
photo argentique

sans titre

2025
photo argentique

jiji

2025
photo argentique

jiji

2019
dessin
feutre sur papier
14,8x21 cm

chez shu

2025
photo argentique

noël à ménès

2024
photo argentique

le matin ils trouvent une poule morte
dans le poulailler
elle est couchée dans la terre
recroquevillée, les yeux vitreux
ils ont oublié de fermer hier soir
pourtant pas de sang
c’est une des poules blanches
il la met dans la brouette à l’aide d’une pelle
elle regarde
ils traversent la prairie jusqu’à la petit forêt et jettent le cadavre entre les arbres

dead chick

2024
dessin
crayon de couleur
29,7x42 cm

ménès

2022
laine feutrée
120x90 cm

sans titre

2020
dessin
feutre sur papier
29,7x42 cm

latence

2020
série de dessins
feutre sur papier
14,8x21 cm